C’est en regardant récemment un documentaire poignant diffusé sur ARTE, « Maladie orpheline, maladie oubliée », que j’ai redécouvert le syndrome d’encéphalomyélite myalgique (EM/SFC), aussi appelé syndrome de fatigue chronique. Ce film m’a profondément touchée, et en tant que future diététicienne, il m’a rappelé à quel point les conséquences des infections virales peuvent être durables et méconnues.
Ce qui m’a frappé : dans de nombreux cas évoqués, le début de la maladie était une simple infection virale, parfois suivie d’un effondrement inexpliqué de l’énergie vitale. Cela m’a amenée à me poser une question essentielle : comment peut-on prévenir ces dérèglements ? Et quel rôle l’alimentation peut-elle jouer, pendant et après l’infection ?
Ce qu’on sait aujourd’hui : infections virales et syndromes post-infectieux
Qu’est-ce qu’un virus et une infection virale active ?
Un virus est un agent infectieux microscopique qui a besoin des cellules d’un organisme vivant pour se multiplier. Contrairement aux bactéries, les virus ne peuvent pas survivre seuls : ils pénètrent dans nos cellules pour détourner leur fonctionnement et se répliquer.
Une infection virale active se manifeste lorsque le virus se propage rapidement dans l’organisme, déclenchant une réaction immunitaire visible : fièvre, fatigue, inflammation, maux de gorge, troubles digestifs ou respiratoires… Chaque virus a sa cible : les intestins pour un norovirus, les voies respiratoires pour un coronavirus, les ganglions et la rate pour le virus Epstein-Barr (EBV, responsable de la mononucléose), etc.
Quand le virus ne disparaît pas totalement…
Certains virus, après une infection initiale (souvent banale), peuvent laisser une trace durable dans l’organisme, soit parce qu’ils ne sont pas complètement éliminés, soit parce qu’ils perturbent profondément le système immunitaire ou nerveux. Dans certains cas, cela peut entraîner des syndromes post-viraux, comme :
- L’encéphalomyélite myalgique (EM/SFC),
- Le Covid long,
- Certains troubles neuro-digestifs chroniques,
- Ou des rechutes cycliques de fatigue intense, douleurs, troubles digestifs ou cognitifs.
Ces maladies restent mal comprises : la science avance, mais il n’existe pas encore de traitement curatif reconnu. Le diagnostic repose souvent sur un ensemble de symptômes persistants, parmi lesquels :
- Une fatigue intense et invalidante, non soulagée par le repos,
- Des malaises post-effort (épuisement prolongé après une activité même légère),
- Des troubles du sommeil, cognitifs (brouillard cérébral), digestifs, parfois autonomiques (frissons, sueurs, palpitations),
- Des douleurs musculaires, articulaires ou des maux de tête chroniques.
Certains médecins font doser les virus herpétiques comme EBV (mononucléose) ou CMV ; si l’on découvre une réactivation virale chronique, des pistes naturelles ou médicales peuvent être envisagées (plantes antivirales, soutien mitochondrial, immunomodulation douce…).
L’alimentation comme soutien
Pendant une infection virale active
L’alimentation a pour rôle de :
- Ne pas surcharger l’organisme : éviter les repas lourds, trop gras, trop sucrés,
- Apporter un soutien digestif et immunitaire doux, par des aliments simples, riches en nutriments,
- Maintenir une hydratation constante et favoriser les soupes, bouillons, compotes, légumes cuits.
En post-infection, ou en cas de fatigue chronique
L’objectif devient plus large : rebâtir le terrain. Les axes à soutenir sont :
- Éviter les carences (zinc, fer, sélénium, vitamine D et B12),
- Soutenir les muqueuses (vit. A, probiotiques doux),
- Réduire l’inflammation de bas grade (alimentation anti-inflammatoire, riche en végétaux).
Ce qui signifie d’une part de soutenir le métabolisme et les mitochondries :
- Apport suffisant en protéines (animales ou végétales bien combinées),
- Bon équilibre en acides gras (réduire les oméga-6, augmenter oméga-3),
- Compléments possibles : coQ10, acétyl-L-carnitine, magnésium, vitamines du groupe B, glutathion ou précurseurs comme la N-acétylcystéine.
D’autre part, d’aider la digestion et le foie :
- Soutenir le foie (artichaut, radis noir, curcuma doux),
- Respecter son microbiote (fibres, probiotiques si tolérés, éviter sucres fermentescibles si SIBO…),
- Adapter les textures et quantités aux capacités digestives du moment.
Chaque terrain est unique. C’est pourquoi l’accompagnement par un diététicien permet d’adapter ces principes à votre profil : troubles digestifs associés, carences spécifiques, tolérance aux compléments, etc. Bien connaître ses besoins évite d’aggraver la fatigue ou de mal doser les soutiens.
Que faire du côté de l’activité physique ?
Le sport est souvent présenté comme une solution universelle de santé. Mais en cas d’infection virale ou de fatigue post-infectieuse, l’effort devient un stress, parfois délétère.
C’est particulièrement vrai dans les cas de fatigue chronique où le « crash post-effort » est un symptôme cardinal.
Il est alors recommandé de :
- Remplacer le sport classique par du mouvement doux et régulier (étirements, balades lentes, yoga adapté),
- Éviter les pics d’activité (même mentaux),
- Favoriser la régularité, l’écoute corporelle, et les activités réparatrices (respiration, cohérence cardiaque, massages, bain chaud…).
Pour aller plus loin
- Institute of Medicine (USA). Beyond Myalgic Encephalomyelitis/Chronic Fatigue Syndrome: Redefining an Illness. [Rapport complet, 2015]
➤ Lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK284899/ - Komaroff AL, Lipkin WI. Insights from myalgic encephalomyelitis/chronic fatigue syndrome (ME/CFS). JAMA. 2021.
➤ Lien : https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2783515 - Ressources francophones sur l’EM/SFC :
➤ https://www.asso-sfc.org/
➤ https://agir-pour-em.org/
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